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    Printemps létal

                                                           © Clo Hamelin 

    La saison du regain frappe à la porte close. 

    Aux fenêtres impassibles, les oiseaux sont en fête. 

    Vent de terre déchaînant les relents méphitiques 

    d’une attaque soudaine, ébranlant tous les corps. 

    Nous restons interdits, inquiets et méprisés. 

    Les rues comme esseulées hantent douloureusement, 

    au long des villes nues, sans amour ni revif, 

    promettent de vilains jours et de fatales nuits. 

    Nous ne retrouverons plus l’allégresse initiale. 

    On nous a trop battus, dévalués, offensés. 

    On a créé en nous le dégoût viscéral. 

    Nous sommes dessillés irrémédiablement. 

    Il a fallu ce germe pour rassembler nos forces, 

    réaliser soudain que nous sommes à genoux, 

    et ne plus accepter cette pauvre pitance. 

    Le printemps se réjouit de nous voir si vaillants. 

    Si éveillés et prêts à soulever des montagnes. 

    De changer de décor, de lois, de paradigme. 

    Et de mettre à la porte l’immature tyranneau 

    ainsi que sa traînée d’inconséquents larbins. 

    Émergeons de tous nos tombeaux d’habitude. 

    Quittons nos hardes blêmes, nos idées corrompues. 

    Après cet ouragan infâme sur nos têtes, 

    retissons les branchages de l’authenticité. 

    Redevenons l’Humain que l’on a oublié. 

    La saison du regain est à la porte ouverte. 

    La terre nous remerciant de cette âpre ordalie. 

    Chantons le merle bleu, les cerises offertes. 

    Le pouvoir de nous-mêmes, les ami(e)s retrouvé(e)s. 

    Libertés re-conquises sur les plaies du passé. 


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    Le Jour d'Après…

                                                                     © Clo Hamelin

     

    Hommes que l’on dit Grands, responsables du Monde
     
    Devrez rendre des comptes, percuter sur vos actes,
    réparer, reconnaître, demander des excuses, démissionner peut-être.
     
    Nous avons bu jusqu’à la lie vos philtres délétères, sans jamais les avoir vomis
     
    Nous ne vous laisserons plus « chimérer » sur nos vie.
     
    Nous avons répété muettement vos injures.
     
    Nous devrons autant concéder qu’à l’aveugle nous vous avons suivis…
     
    Sur cette boule bleue, le silence installé, doit nous faire raisonner
     
    Il est tant d’idées folles que nous voulions construire
    Nettoyer la terre des tous ces pesticides, cesser de l’éroder,
    juste pour en extraire au cœur de sa matrice des planctons millénaires.
     
    Le vent et le soleil nous sont pourtant offerts.
     
    Pensez peut-être à ne plus autant strier le ciel d’échanges pécuniaires, plus ou moins corrompus ?
     
    Rapportez vos usines qui en pays lointains vous ont coûté bien moins,
    et ont pollué les mers, et ont ici causé des drames légendaires.
     
    Et tous ces renseignements, ces surveillances pêle-mêle, ces besoins de toujours contrôler tout le monde, pour assurer votre sérénité, est-ce vraiment nécessaire pour vivre en société ?
     
    Les guerres devront cesser, elles n’auront plus de liens dans cette transmutation.
     
    Nous ne formerons plus de bataillon ni n’abreuverons vos sillons.
     
    Sortir tout cet argent que l’on a confiné dans des lignes de codes,
    des paradis fiscaux, juste pour se baffrer.
     
    Faisant courir le bruit à qui veut bien l’entendre que de jouer ainsi apporte des délices, c’est un jeu très commode, le Monopoly, il suffit de miser sur la misère du monde.
     
    Mais partager-le donc ! rendez-vous donc utile, distribuer les prébendes, pour voir s’édifier des hôpitaux, des écoles, des jardins, des panneaux de lumière, de l’eau pour tout le monde.
     
    Ce confinement-là est une sinécure, une occasion unique de mettre le holà
    à vos agissements, Hommes que l’on dit Grands.
     
    Et pour nous, peuples souverains, libérés de nos entraves, de soulever le voile et d’y voir plus clair.
     
    La vie commence de faire très mal à ne plus se laisser porter par son courant.
     
    Quand nous repartirons sur notre propre vie
    Prenant en main chacune de nos journées
    Evacuant le mauvais souvenir du passé
    Nous ferons table rase de la médiocrité
    Nous nous détacherons de vous
    Nous deviendrons libre de nous-mêmes
    Nous passerons au soleil
    Nous voguerons sur le vent
    Nous recueillerons la pluie dans des toiles de lin
    Nous habiterons les arbres
    En dépit de vos iniques lois
    Nous serons si heureux que la Terre en rira.

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    Passante, je suis

                                                                                        © Clo Hamelin

     

    Je passerai par la porte du mur,

    nourrie du mycélium céleste.

    Je n'attends rien de particulier,

    sauf à en sortir la plus humble possible.

    Reconnaissant mon ignorance,

    plus courageuse sans témérité,

    plus sage sans outrecuidance,

    moins impatiente devant l’inertie,

    plus empathique face au tyranneau.

    La sagesse essentielle contre l'adversité.

    Je passerai par la porte du ciel, éclaboussée d'écume.

    Revenant d'outre-monde, soulagée du retour,

    je saluerai les vestiges anciens qui nous ont assombris.

    Sans aucune vindicte, mais juste pondérée,

    je passerai près d’eux, balayant l’aversion.

    Je ne suis que passante, mais je n’oublierai pas…


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    Imagine…

                                                                © Dessin Clo Hamelin 

     

    Que deviendrions-nous sans l’insensé mythique ?

    Fabuleuse gnosie berçant lointainement…

    Odes éblouissantes qui rythment nos éthiques.

    Que deviendrions-nous si le rêve s’estompait ?

    Si la légende obscure nous empêchait d’écrire…

    Attendrissante idée qui fleurit les papiers,

    abreuve les porte-plume, colore les pinceaux,

    nourrit les têtes folles de perceptions soudaines,

    de salamandres bleues qui enivrent les cœurs.

    Imagine, mon Grand Pan, ivre de capiteux, 

    sidérant mycélium pour mieux peindre l’aurore,

    jamais je n’oublierai tes tendres envolées

    bourgeonnant au Parnasse pour mieux nous éclairer.

    Et toi rêveuse Calliope qui cahote les mots,

    ouvrant tes voiles purs comme une eucharistie,

    nous nous abreuverons à tes sources limpides.

    Instituant une terre où l’ingénu poète résidera en souverain,

    nous serons toujours là à sauver notre monde,

    car la veine visionnaire aura force de loi.

    Gambadera longtemps par-dessus les vallons,

    une lyre délicate au cœur de nos raisons.


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    Pose-toi doucement…

                                                                         © Clo Hamelin

     

    Les sens sont mêlés, tout est fait d’opposés.

    Le blanc se change en noir,

    la joie devient la peine.

    L’affliction se retourne pour éclore en gaieté.

    D’un jour à l’autre change, c’est ainsi que l’on aime.

    Que cette vie nous tient, acceptons-la ainsi, il n’est rien d’autre ailleurs.

    Tout est là sur le sol où nous avons versé.

    C’est le courant fluide qui s’impose à l’esprit,

    qui envahit le cœur, notre corps engourdi.

    Nous n’aurions pas de joie si nous n’avions la peine,

    cueillir juste chaque chose différente en elle-même.

    L’accepter, la choyer, elle sera plus docile et facile à comprendre.

    S’opposer à l’épreuve, c’est rejeter soi-même,

    car nous sommes l’origine de tout ce qui advient.

    La pierre d’achoppement deviendra moins abrupte si l’on sait la saisir,

    la prendre à pleine main.

    Le mouvement qui va, le mouvement qui vient

    nous enseignent la connaissance de nous.

    Les erreurs n’en sont pas, écueils emplis de sens,

    simplement des vétilles, un accroc au genou.

    Cela paraît parfois un goulet insolite,

    mais si l’on sait attendre et un peu se poser,

    il devient un passage imprégné de rosée.

    Il n’est point de nuages sans éclaircies soudaines,

    de tristesse implacable sans un bonheur intense.

    La douceur s’épanouit en éloignant la haine,

    en dansant sur le jeu de ce mystère immense.


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