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    Impermanence, quand tu nous tiens…

                                                                                        © Clo Hamelin 

    L'impermanence étreint, il n'y a qu'elle.

    Dans la spirale d’atomes, tout change, toujours, chaque heure,

    c'est inégal, opposé, contrasté.

    Le chemin, jamais le même.

    Cela est consolant de voir cette variation.

    De se réinventer à chaque moment du jour.

    On peut tout réparer, tout peut entrer en scène.

    Notre corps se chavire, c'est un fleuve, fluctuant,

    vivant comme une planète.

    Quand on est là présent à ce que l'on est,

    chaque attention de geste, apprêter le repas,

    sans penser, sans un mot, être là.

    Cette mouvance tangible.

    Chaque parole dite d’un souffle authentique,

    chaque regard entier vers tous ceux que l'on aime.

    C’est étrange de se sentir fugace.


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    Le début de la fin

                               Peinture © Clo Hamelin

     

    Pourquoi avoir fait tant de beaux chemins,

    d'aventures, de découvertes merveilleuses,

    de prières fécondes, de jardins enchanteurs ?

    Pour arriver à n'avoir rien compris de qui nous étions.

    D'avoir créé des catalyses guerrières, et d'avoir vendu

    le monde aux plus basses entreprises.

    De n'avoir pas compris qu'un jour la mer,

    lasse de tant d'insouciance et d'incurie humaine, pouvait nous déborder…


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    Le rêve éveillé

                                                                                 © Clo Hamelin

     


    Attablée, avec autour des visages légendaires
    ,

    bardée de papiers lisses, de crayons chamarrés, 

    j’esquissais des femmes aux corps encagés dans les méandres du monde. 

    L’écriture qui courait, inondant le Velin. 

    Je dictais mes mots à la plume, répondant aux sanguines carminées, cyanurées d’encre bleue. 

    Tout autour, ça piaillait en tous sens, des hommes aux cheveux d’algues 

    traçant de grandes fresques hardies, et criant :

    « Peignons là où se trouve la lumière  ! », 

    Et nous partions tous dans de grands éclats de rire, sans raison. 

    Je m’enfonçais soudain dans les dédales d’un ruban serpentin. 

    Où chaque volute expulsait une toile intrépide, un poème audacieux. 

    Des moines milanais aux voix d’outre-tombe

    chantaient des hosanna au plus haut des cieux, sur une musique fantasque. 

    Dante sauta d’un nuage et retomba sur la table pour y boire l’amrita, 

    me couvant de yeux tendres. 

    Une corde de guitare murmura un sanglot. 

    J’avais rêvé…

    Avais-je dormi… 

    Le papier était là, les pinceaux m’attendaient… 

     

     

     


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    Une si petite lueur

                                                                            © Clo Hamelin 

     

    Saisir la réalité du monde.

    Faire entendre à chacun, l'évidence du trajet,

    l’adéquation des mots, pertinence du choix...

    Cette belle intuition, est-ce là la sagesse ?

    Qui vient du plus profond, que l’on nomme à l’envi,

    hasard, coïncidence, conjoncture, coup de dés.

    Les décrets intérieurs de son être secret,

    c'est lui-même, cet allié sous le voile, qui se sert

    de ces traits ordinaires pour être incognito.

    Cette entité cachée que certains nomment Dieu,

    ou tout autre grand être pour qui l'on s'est battu

    et versé tant de sang.

    Mais plutôt prendre garde de ne plus s'affoler.

    De ne plus tenir tête, et d’ainsi s’aheurter.

    Et cesser de brandir tout du long de ce sens,

    une morgue suintante, un contentement narquois.

    Une haine des autres, et tout d'abord de soi.

    Une culpabilité dont l'origine est trouble,

    et qui remonte à loin, de toute éternité.

    Être plutôt gracieux, au sourire véritable.

    À l'attention tenace pour ne pas se blesser.

    Et ne plus accabler de sa propre ignorance

    son voisin de barrière, sous un autre costume

    qui est semblable à soi.

    C'est tout un édifice qu'il nous faudrait refaire.

    Nous sommes des milliards survivant à genoux.


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                                       © Clo Hamelin

     

     

    La petite araignée qui m'a surprise un matin, étirant tout naturellement

    son fil du bord d'une boîte de couleurs m'en a appris tant sur elle en une fin de journée.

    Elle était là, à se balader, rapide, mobile d'un endroit à l'autre.

    De ces araignées sauteuses qui disparaissent à la vitesse de la lumière.

    Reej m'a soumis l'idée de l'oublier et que certainement c'était l'occasion, enfin, de régler mon problème avec les araignées.

    Sinon, que je m'en débarrasse tout simplement. Qu'il fallait que ça s'arrête cette phobie.

    Je l'écoutais, du moins j'essayais.

    J'avais deux choix pour m'en débarrasser, la saisir avec un bout de quelque chose, ou… la tuer.

    Essayant de l'oublier, je continuais mon pastel. Mais je la sentais dans le coin, je la voyais du coin de l'œil, sautillant, faisant de brusques demi-tours, s'arrêtant, fixe, sur place, les antennes bases vibrant aux ondes du terrain, se dirigeant comme guidée par les flots de lumière lui arrivant. Je craignais à un moment d'inattention l’instant où son minuscule corps sauterait sur mon pull pour s’y enfouir et graviter jusqu’à mon cou. Fantaisie du mental…

    J'essayais de la saisir avec un morceau de papier doux, ramassé dans une des boîtes de couleurs, mais aussitôt elle m'échappa et sauta sur le mur d'en face. S'arrêtant comme paniquée, les sens brusquement bouleversés, le cœur battant.

    Je finissais par l'oublier, elle n'était plus à se balader sur le rebord de la table. Je ne la vis plus. Elle devait être blottie dans un coin, assommée. Je pouvais dessiner en paix.

    Puis elle réapparut sur l’arête du papier. Elle s'engagea sur le dessin.

    Bon voilà autre chose.

    Je présumais que c'était les muses qui m'envoyaient un petit insecte pour l'inspiration.

    Elle grimpa sur la lampe et se dirigea vers l'abat-jour là où il fait plus chaud. Lieu idéal pour tisser une toile. Mais non, vacillante, elle fit demi-tour et entrepris de descendre la rampe.

    A petits pas ambulatoires, elle arpenta l’acier chaud. Il fallait que je m'en débarrasse. Je n'arrivais plus à travailler.

    L'examinant de plus près, je m’assimilais un instant à elle.

    Elle était là, à l'aventure, cherchant je ne sais quoi, de la nourriture peut-être. Elle était jolie, brun clair, un trait vertical lui barrant le dos, de minuscules antennes. Elle était petite et courte comme une voyelle. Je la trouvais bien téméraire d'être là. Je n'étais pas encore prête pour la cohabitation avec l’arachnide.

    C'est avec un déterminisme sapien que j'allais à la cuisine et déchirais un morceau de papier, puis je saisissais l'endroit approprié pour l'attraper. Plus par impatience que par volonté de la tuer, je la recouvris du papier avec toute la fébrilité et le dégoût inspirés par la peur de la sentir entre mes doigts. Son corps craquant sous ma peau.

    Je retournais à la cuisine pour la flanquer par la fenêtre ou du moins son rebord, ouvris le papier pour constater de l'état de la bestiole.

    Bon ben, je l'avais écrasée.

    Pardon…

     


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