• Poèmes et Proses

    Poèmes
             

     

     

                 2018 © Clo Hamelin Tous droits réservés

            Ecrivain, poète, peintre, photographe… chercheuse en spiritualité

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    L'identité d'Être

                                                            © Clo Hamelin


    Il ne sert à rien d’être « anti » quelque chose, il suffit juste d’être « a » quelque chose.

    Le préfixe « a » indique « être en dehors », « au-dessus ».

     Par ce préfixe on ne se reconnaît d’aucun parti, d’aucun endoctrinement, d’aucune caste,

    on n’appartient ni à quelqu’un ni à quelque chose,

    on ne s’élève pas contre l’obligation de penser, d’être, d’agir.

    Cela n’existe tout simplement pas.

     S’élever contre, c’est s’impliquer dans un processus que l’on ne maîtrise pas forcément,

    et que l’on va, par on ne sait quelle force de l’ego, d’un présumé honneur ou autre,

    rejoindre aveuglément.

     S’élever contre quelque chose

    c’est lui vouer de l’importance,

    c’est faire sa renommée,

    c’est participer à son développement,

    à son autoritarisme,

    à sa dictature.

    C’est nourrir la bête.

     Ne pas s’élever « contre » ce n’est pas être insensible, c’est être au-delà.

    Ce n’est pas être « indifférent », car l’exacte acception du mot n’est pas l’inconscience

    ou la sécheresse, mais une égalité d’être pour chaque chose.

     S’en détourner, la boycotter d’un regard ailleurs

    c’est faire en sorte que la bête n’existe plus.

     Dégagé(e) de toute autorité, quelle qu’elle soit, c’est être libre.

    C’est être sage. 

     


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  • Le Tout

                                                                                          "Un Ange passe" © photo Reej Hamelin

     

     

    Au large de rien. Sans temps.
     
    Peut-être à la sortie d’un trou noir ou bleu, revenant d’un autre rien,
    un point ou une larme, brûlante, étincelante, de la taille de la pointe d’une patte de coccinelle,
    un reste de feu, une pincée de vie réchappée d’une autre histoire, ose à peine s’imposer, un atome.
     
    Se frayer un chemin dans cette exiguïté sépulcrale, philosophale, qui tend à la velléité de la vastitude.
    Ce n’est pas un espace, ni un lieu, ce n’est rien qu’une soupe cosmique.
    Cela malaxe l’once de feu, la lueur de conscience, et n’en pouvant plus de cet atermoiement,
    Cela la catapulte dans ce Grand Rien qui devient Tout.
    Qui a fait Cela ?
    Pour quel but ?
    Pour quel sens ?
    Était-il Tout avant de n’être Rien ?
    Et rien n’est jamais rien, c’est toujours quelque chose. Venant d’où ? Par quelle patte d’artiste ?
    On le nommera Univers, vers l’Uni, Un, Principe, le Grand Tout, l’Alpha, l’Omega, Créateur, Cela Est. 
    On finira par le nommer Dieu, l’artisan de cette invraisemblable, cette incroyable, cette inimaginable et Pure Naissance !
    Il y a 14 milliards d’années…
    On le nommera de tous les noms possibles, sans jamais s'accorder.
    Et l'on répandra le sang pour lui.
     
    Et là, Cela devient un chuchotement continue qui passe par la fenêtre ouverte.
    Une odeur comme l’on n’en sent que dans les lieux d’humus, une odeur fraîche d’humide.
    Une rivière coule là, à quelques mètres, simplement dans son dépouillement, près de nous.
    La rivière large et feuillue, espiègle, limpide et clapotant.
    Et le vent lui, on ne le voit qu’aux branches somptueuses et prodigues s’agiter.
    Il est invisible le vent, seules les herbes et les branches, les volets qui claquent, le poil échevelé des bêtes qui se soulève sous sa caresse indiquent qu’il siège là sifflant entre nos doigts. 
    Il est là le Grand Tout…

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    Christian Bobin, mon ami peu connu…

     

     

    Je n'ai que trois lettres de Christian Bobin.

    C'est déjà beaucoup…

    Deux ans après les avoir reçues, je lui écrivais deux lettres.  

    En 2020, il avait pris la peine de lire quelques-uns de mes poèmes,

    je lui avais envoyé pour le remercier et pour clôturer l'année

    un portrait peint de ma main de Marguerite Porètre.

    Il m'avait chaleureusement remerciée.

    C'est le jour de cette lettre, non envoyée encore, restée dans mon sac,

    attendant d'être glissée dans une boîte aux lettres, qu'il nous quitta, le mercredi 23 novembre 2022.

    De là où il est, il a dû la lire…

    Je lui en avais envoyée une quelques semaines avant ce départ,

    m'excusant presque de ne pas avoir pris de ses nouvelles depuis ces deux ans.

    Je n'avais pas reçu de réponse à cette lettre,

    mettant cela sur le compte du lieu de mon domicile que je n'avais

    pas précisé et qu'il n'avait peut-être pas gardé.

    Rien d'étonnant à ce qu'il ne m'ait pas répondu.

    Son silence n'était pas une question d'adresse non mentionnée…

    J'écrivais donc un autre courrier, celui qui est toujours dans mon sac, en précisant cette fois mon lieu.

    Il a dû bien s'amuser, avec ce rire rabelaisien si confiant,

    quand il m'a vue, du haut de son perchoir astral, insister aussi dérisoirement.

    Je te rends hommage Christian, tu as su décrire bellement, noblement ce que nous nous acharnons 

    à ne pas voir, à ne pas vouloir comprendre.

     

    Un ange poète est passé nous voir avec ses mots et son rire…

    Sois en Paix, Christian, et viens souvent visiter ceux qui t'en prient…

    Qu'il en soit ainsi…


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    Déséquilibre

                                                           © Clo Hamelin 

     

    Le ciel a soulevé sa grande jupe de flocons,

    qui tournoient au soleil, sans prévenir.

    À l’horizon éclatent des étals de brillance

    rehaussant les maisons. Rappelant la touffeur de l’été.

    Le printemps avec ses sursauts de froid

    met du temps à germer, car l’hiver s’éternise.

    On n’est-ce pas plutôt le fripon verdoyant qui s’agace des frimas.

    Le siècle est bouleversé.

    Les boutons aux fruitiers commencent de s’épanouir.

    Les insectes pullulent en plein mois de janvier.

    Il grêle sous le soleil, la pluie est drue et tiède.

    Les abeilles s’affolent et le miel moins sucré.

    Les papillons surgissent comme une nuée de fleurs.

    Le loriot s’égosille. Ce n’est pas sa saison.

    Tout est trop en avance.

    Mais que se passe-t-il donc ?


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    Ecole

     

     

     

     

    Enfant, je me souviens de cette école primaire.

    Par-delà cette cour, la symphonie des arbres,

    le ruisseau à côté, dans les champs d’évasion.

    Je ne pensais plus aux nombres, ni à la chaîne d’arpenteur

    qui nous réunissait sous le préau en pluie.

    Sur les chemins bourbeux de la campagne éclose,

    j’allais comme une fille salir ma jupe neuve.

    Je ne me disais pas que ma mère gronderait.

    Sans doute m’intimerait-elle de ne plus la remettre.

    Je me souviens de cette école au tableau noir de sens.

    À cette femme aiguë qui tremblait sous sa règle.

    Quand elle nous talochait au moindre mot suspect

    à la moindre bêtise, sur nos bras découverts.

    Je me souviens de cette cantine infecte

    où les plats exhalaient une odeur de vaisselle.

    Non, je n’oublierai pas ce cagibi immonde

    aux murs étincelant d’humidité profonde.

    Pour un délit mineur qui ne ressemble à rien,

    on m’y a enfermée croyant me faire comprendre

    ce que vivre veut dire.

    Oui, je n’oublierai pas ces semonces fâcheuses

    pour une leçon apprise au détour d’une absence.

    Ces classes de tâcherons courbés sous la morale.

    Cette école si primaire que nous ne savons rien.


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