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    Goutons…

                                                                                                                                     © Clo Hamelin 

    Goûtons la vie ! cette perle élégante.

    Car il n’y a plus qu’elle !

    Chaque instant suprême,

    chaque geste au hasard des mouvements vacillants,

    chaque clin de paupière signe le défilement.

    Que chaque mot soit pesé, car trop lourd.

    Que chaque geste soit jaugé, car trop sourd.

    Chaque pensée éludée, car peu amène.

    Décision d’un jour que l’on croit acquise,

    mais qui n’est qu'agrément éphémère.

    Envie, traîtresse envie.

    Désir, puéril désir.

    Mais que restera-t-il de tous ces beaux ressorts,

    de toutes ces belles envies, de toutes ces réussites, vagabondes incertaines…

    de tous ces corps aimés.

    Quand, en notre couche dernière, au bord du fleuve Léthé,

    nous demanderons à boire encore une dernière fois.


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    La vie antérieure

    Un alcool fruité déborde de ma tête.

    Baudelaire mon ami, que j'étreins, que je fête.

    Tes fureurs alambiques mêlent à mes cris de joie une ténébreuse peur de ne plus me connaître.

    L'alentour dans mes aperceptions je reconnais la vie, les sens essentiels qui ravivent la nuit.

    La vapeur parfumée de cet ambre soyeux qui irrigue mon esprit pour de plus amples proses.

    J'enlace à m'en saouler de sensibles vocables, qui teintent vers le ciel des étreintes matinales.

    État de conscience modifié par les brumes de la terre.

    Résine stupéfiante de lucidité, transcendantale extase, dérangeante à la fois.

    Mais ils n'aimeront pas. Ânonnant avec peine mes mots tant recherchés.

    Me trouveront désuète, copieuse d'un autre temps, une vieille aventure qu'ils aiment louanger tout autant, et baptiser du nom de mon inspirateur leur prix ou leur médaille qu'ils ne me donneront pas.

    Oui, je le dis et le clame, Baudelaire de mon âme et ses frères incendiaires ont empli tant de fois mon cœur de langueurs que vous ne pouvez pas rester sans l'ignorer.

    Est-ce que vos choix ultimes ne dépendent que de vous, de vos indigestions, de vos maux de genoux, de votre mal de vivre, d'être mal réveillé un début de semaine, d'avoir les poches vides ou la tête engourdie ?

    Et si cela était, je n'y peux vraiment rien, seuls les mots des poètes vous rendraient plus aimables.

    Messieurs des temps "modernes" et si "contenpourien" vous croyez nous apprendre ce que poème veut dire, car chacun qui vous frise, et qui se dit poète, ne s'inspire que de rien, vont chercher dans les modes de monotones phrases, que vous penserez céleste alors qu'elles sont si plates.

    Mais c'est le temps qui nous veut ça, et la médiocrité qui va avec cela.

     


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    La vie des ombres dans la nuit

                                                                                                              © Clo Hamelin

     

     

    Notre chambre repliée dans l'ombre de ses coins,

    comme un mouchoir secret que l'on n'a pas ouvert.

    Chaque objet se calfeutre, laisse pointer un détour.

    Un sac pendille au mur comme un oiseau blessé.

    L'ombre de l'abat-jour grandissant au plafond en géant silencieux.

    Les vêtements au sol cèdent des corps assoupis.

    Brille de l'autre côté du sombre une bordure d’écrin,

    on dirait un lingot, juste une incrustation de nacre et de patine.

    Un tambour dans un coin appelle de sa peau le rythme de mes mains.

    La flûte boisée cachée dans son étui s'endort sur un arpège à peine dévêtu.

    Une punaise verte au parfum de coriandre, son vol vrombissant au détour 

    de la fenêtre entrouverte. 

    Elle va courtement retourner vers ses tomates sucrées.

    Une robe de chambre à la patère attend le bon matin pour renaître à nouveau.

    Tout semble au repos dans le sombre étoilé.


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  • L'eau des poètes

                                                                                  © Clo Hamelin  "Mutations"        

     

     

    Elle coule, l’eau des mots poètes.

    Avoue le trouble des gestes retenus.

    Dénude l’étendue du silence.

    Elle dénoue la voix, la grandeur de l’Esprit.

     

    Il y a tant de mots dans l’immensité des bavardages.

    Il y a tant de secrets masqués aux ignorances.

    Il y a tant d’impuissance dans le goulet des âmes.

    L’abus des idées corrompt l’entendement.


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    Doucement petite…                                                                              

     

     

    Comme il est bon d'être un petit enfant.

    De sentir dans sa mère l'odeur de la quiétude.

    Sa peau veloutée comme une mousse au printemps.

    Un sourire vivifiant, qui vous remet debout.

     

    Évocation noyée par le pastel du temps,

    un souvenir, revient, par lambeaux le long des âges,

    comme un vieux pull fané.

    Le goût des biscuits blonds dans le vin des griefs.

    Le grand fauteuil profond, juste un petit crapaud.

    La grandeur des maisons, d'une allure étriquée.

    Les foisonnants jardins, juste un simple recoin,

    et qui servait si bien aux aventures ludiques.

    Au parfum de menthe bleue et d'exquises marguerites

    que l'on coupait menu pour un frugal repas,

    arrosé de breuvages au goût acidulé.

    Des poupées renversées, des peluches épluchées.

    Des escapades furtives pour se faire oublier.

    Et revenir penaude redemander sa gifle.

     

    Comme il était intense de se sentir bridée,

     après d'âpres semonces et des malentendus.

    Et de toujours promettre de ne plus récidiver,

     une simple incartade prise pour un vrai délit.

    Comme il est inquiétant d'être une petite fille.

     

    Si l'on pouvait reprendre cette trame divine,

    et la suivre pas à pas avec délicatesse,

    comme il deviendrait bon de se sentir vivant.


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